Abbatiale d'Airvault
Grâce aux travaux de Gabriel Martin qui, en 1911, a traduit l' Ordinarium de l'abbaye d'Airvault, on peut se faire une idée de la disposition des lieux : Le chœur et le sanctuaire étaient entourés d'une clôture fixe et de tentures. On entrait dans cette enceinte par deux, peut-être trois portes.
Le long de la clôture du chœur, à l'intérieur, étaient disposées les stalles des religieux ; elle partait de la croisée du transept et sur deux rangs garnissaient, en remontant, les deux parois. Le nombre des autels secondaires était assez considérable.
Un large déambulatoire contourne le chœur et dessert trois chapelles rayonnantes qui ont la particularité d'être contiguës.
Le transept et les chapelles ont gardé leur voûtement roman. Mais la croisée est reprise au début du XIIIe siècle avec de grosses piles qui reçoivent le nouveau clocher gothique. Le visiteur remarquera facilement leur accord avec un petit arc brisé qui vient se greffer sur la structure romane au niveau du rond-point des six colonnes massives.
Puis c'est la tentation et la faute : le serpent, le vais dans l'arbre tend le fruit à Eve. Adam porte la main à sa gorge, la pomme y est coincée. Ils ont conscience de leur nudité.
Les chapiteaux historiés du chœur sont d'une finesse d'exécution et d'un foisonnement de détails qui font penser que le sculpteur s'est largement inspiré de manuscrits enluminés.
Sur certains de ses chapiteaux, on remarque d'évidentes traces de peinture qui prouve que toutes ces scènes étaient peintes. Aussi faut-il rester prudent dans l'interprétation de certaines d'entre elles ou des éléments peints disparus ne permet plus de les expliciter.
L'une des six colonnes du rond-point porte un chapiteau qui raconte sur ses quatre faces l'histoire d'Adam et Eve.
La première image nous montre Dieu plongeant Adam dans un profond sommeil pour créer Eve.
Dieu présente les époux l'un à l'autre. Peut-tre son index montre-t-il le fruit défendu.
Puis c'est la tentation et la faute : le serpent, lové dans l'arbre tend le fruit à Eve. Adam porte la main à sa gorge, la pomme y est coincée. Ils ont conscience de leur nudité.
Avant de chasser les fautifs du Paradis, Dieu leur remet une tunique de peau. Adam est prosterné. Eve, honteuse, cache sa nudité.
Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ! Le chapiteau voisin de celui d'Adam et Eve évoque donc sur ses quatre faces le travail des hommes.
Ici, un moissonneur fauche des épis de blé qui peut-être étaient peints. Le pain est représenté sous la forme d'un disque au-dessus de la faux. Le chapiteau voisin de droite présente un vigneron ; entre ces deux paysans, un pichet est posé sur l'astragale. De chaque côté du moissonneur figurent donc le pain et le vin : là où les paysans trouvaient une représentation de leur vie quotidienne, les chanoines pouvaient voir une évocation de l'eucharistie.
Ici, le vigneron taille sa vigne.
Là, un paysan défriche. Remarquer le mouvement dans ces compositions mais aussi les vêtements du personnage et l'ornementation du chapiteau
Cette superbe photo nous permet de voir beaucoup mieux que dans l'église ce chevalier dont la fonction est de protéger les trois autres personnages : il chemine à côté de son cheval qui occupe le premier plan, broutant l'herbe qui était probablement peinte. Des visiteurs connaissant bien l'armement des soldats de cette époque nous disent que rien ne manque dans ce tableau.
Les clés de voûte du chœur ont été repeintes sans permission au XIXe siècle, à la demande, dit-on, d'un prêtre. On peut comprendre en effet que cet homme qui avait la charge des âmes d'Airvault ait pu souhaiter que ses paroissiens puissent facilement observer ces sculptures qui évoquent le Jugement Dernier.
Ici, un ange souffle dans une trompe pour annoncer la fin des temps.
Dans le sein d'Abraham sont accueillies les âmes des justes dans l'attente de leur jugement
Le Christ de retour montre ses plaies : bel exemple de complémentarité entre la peinture et la sculpture, le sang sur les avant-bras du Christ
Des anges entourent le Christ et montrent des instruments de la Passion : la couronne d'épines, la branche d'hysope et la lance du centurion. Le deuxième évoque peut-être le voile de Véronique ou le Saint Suaire.
Voici quelques éléments de décor toujours sur la voûte du choeur.